November 2, 2020

Legal Spotlight : Ludovic Bayle, Head of Legal chez Vestiaire Collective

Discover the spotlight of Ludovic Bayle, from his beginnings as a lawyer at Hermès to becoming Head of Legal at Vestiaire Collective.

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Vestaire Collective est une plateforme française spécialisée dans la friperie de luxe qui permet aux pièces de mode de prolonger leur vie en étant remises en circulation.

Fondée en 2009, l'entreprise compte aujourd'hui plusieurs millions de membres dans plus de 50 pays en Europe, aux États-Unis, en Asie et en Australie.

Avec plus de 200 millions d'euros levés, 300 employés répartis aux quatre coins du globe et une croissance fulgurante, les chiffres de cette montée en puissance des Next 40 sont impressionnants.

C'est pourquoi nous sommes allés à la rencontre de Ludovic Bayle, responsable juridique de Vestiaire Collective, afin de mieux comprendre le rôle du service juridique dans l'entreprise.

Après quelques années chez Hermès, Shiseido et Christian Dior, Ludovic a rejoint Vestiaire Collective en 2017. Pour vous, il revient sur les grands projets qu'il a menés depuis son arrivée.

Bonjour Ludovic et merci d'avoir accepté notre invitation !

Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter ? Quel a été votre parcours professionnel ?

Je suis responsable du service juridique de Vestiaire Collective depuis bientôt 4 ans et je travaille comme juriste en entreprise depuis un peu plus de 10 ans.

J'ai suivi un cursus universitaire assez classique en droit privé, avec une dominante en droit des affaires, complété par une spécialisation en droit de la propriété intellectuelle et des nouvelles technologies au CUERPI de Grenoble.

Il y a eu, bien sûr, les premières expériences dans un cabinet d'avocats, puis dans un cabinet de conseil en propriété industrielle, jusqu'à ce que je découvre le côté interne des choses en rejoignant Hermès International pour mes débuts.

Tout au long de ma carrière, j'ai cherché - en plus de ma spécialisation en PI/TI - à élargir mes domaines d'expertise. Je pense qu'il est essentiel de garder un intérêt constant pour l'activité que l'on exerce, une ouverture d'esprit et donc la diversité. Tant la loi que mes managers m'ont donné cette opportunité au fil du temps.

Quelle carrière, félicitations ! Vous avez passé une bonne partie de votre carrière dans de grandes entreprises. Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre une entreprise comme Vestiaire Collective ?

Peut-être faut-il commencer par dire qu'entre grands groupes, il peut déjà y avoir des différences fondamentales, ce qui était le cas pour moi entre Hermès et le groupe LVMH.

Lorsque j'ai choisi de rejoindre Vestiaire Collective, je souhaitais retrouver des valeurs en adéquation avec les miennes, me rapprocher d'un fonctionnement agile et m'orienter vers un projet porteur de sens.

J'ai été inévitablement attiré par l'ambition de la startup autour de la circularité, mais aussi par la période charnière dans laquelle se trouvait Vestiaire Collective qui cherchait à structurer son approche juridique pour accompagner sa croissance internationale.

Enfin, je dois ajouter à cela le fait que j'ai trouvé l'opportunité de combiner légalement deux thèmes qui me sont chers professionnellement : le luxe/mode, un secteur dans lequel j'ai fait mes armes, et le commerce électronique.

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C'est vrai que le défi ressemble à un rêve sur le papier !

Pouvez-vous nous parler de votre rôle au sein de l'entreprise ? A-t-il évolué au cours des quatre dernières années ?

Mon rôle premier est, bien entendu, de protéger et de défendre les intérêts de l'entreprise pour laquelle je travaille. J'ai mis en place un service juridique central, ce qui signifie que j'interviens avec mon équipe au niveau de la maison mère, mais aussi pour toutes les filiales dans le monde.

Autre fil conducteur de la fonction que j'occupe au sein de Vestiaire Collective : la structuration de l'approche juridique globale au sein de l'entreprise, mais aussi le conseil aux différents services et aux opérationnels dans leurs projets.

En outre, les données étant un atout important pour un marché comme le nôtre, j'occupe le poste de DPD.

Au-delà de la dimension stratégique du poste de directeur juridique/DPO que j'occupe, je mets un point d'honneur à rester proche du terrain, des équipes, afin de comprendre leurs besoins et de les accompagner au plus près.

Ces rôles ont nécessairement évolué au fur et à mesure de la croissance de l'entreprise, de l'évolution de son modèle économique et au rythme de ses ambitions, qui sont plus fortes que jamais. C'est très excitant !

Oui, je suppose ! Et pour faire tout cela, j'espère que vous n'êtes pas seul, n'est-ce pas ?

Après avoir commencé seule (avec le soutien d'une stagiaire), je suis désormais entourée de Marie-Caroline et Clémence qui portent les couleurs du service juridique au sein de Vestiaire Collective.

La dimension managériale de mon rôle est une force motrice complémentaire et les avocats de mon équipe maintiennent un niveau élevé.

Schématiquement, la répartition se fait principalement par grands thèmes (contrat-communication-marketing/corporate-compliance). L'idée est que chaque département ait une personne de contact dédiée.

Nous sommes l'un des plus petits départements de l'entreprise mais nous sommes - et c'est bon signe - très demandés. Cela signifie que nous devons conserver une approche généraliste, mais l'équipe sera certainement étoffée à court ou moyen terme.

C'est un bon signe pour l'avenir ! Quelle est votre position aujourd'hui dans l'entreprise ? Faites-vous partie du comité de direction ?

Un sujet sensible (rires) ! Je rapporte au CFO et ne fais pas partie du comité de direction. Honnêtement, je ne cache pas que, pour moi, le lien hiérarchique entre le département juridique et le CFO est un non-sens, mais force est de constater que c'est le choix fait par de nombreuses entreprises, dont Vestiaire Collective.

J'ai la chance de travailler avec une personne qui respecte l'expertise juridique, soutient le travail de l'équipe et me laisse agir de manière indépendante avec mon équipe. C'est essentiel !

Un sujet sensible en effet (rires) ! Si je vous pose cette question, c'est surtout pour savoir quelle est la place accordée aux questions juridiques dans une scale-up Next40 comme Vestiaire Collective ?

Une place de plus en plus forte, je l'espère - c'est en tout cas ce à quoi nous travaillons. La pression législative et plus généralement réglementaire sur les places de marché ne cesse d'augmenter - de manière plus ou moins justifiée.

Je pense que, dans ce contexte, chacun est bien conscient que le rôle d'un département juridique dans cet environnement est essentiel et que s'en passer serait prendre le risque de compromettre beaucoup de choses et même l'avenir de l'entreprise.

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Quels ont été les principaux projets que vous avez réalisés au cours des trois dernières années ?

Il y en a beaucoup, mais si je dois choisir quelques points forts...

La levée de fonds (40 millions d'euros en 2019, 59 millions d'euros pour le dernier tour de table en avril dernier) avec les dimensions de relations entreprises et actionnaires qu'elle implique a occupé une bonne partie de mon temps. C'est un signe clair de l'attractivité de notre activité autour de la mode durable.

L'expansion internationale accompagnée de la création de filiales locales principalement en Asie (Hong Kong et Singapour). Il y a également le suivi de la conformité au GDPR et l'accompagnement d'évolutions importantes pour la plateforme, la mise en place de mailing direct ou de chat pour notre communauté d'utilisateurs.

Excitant, bien joué ! Avez-vous mis en œuvre des outils ou des processus technologiques pour accroître l'efficacité de votre équipe ? Envisagez-vous de le faire ?

L'approche technologique est inévitable dans la structuration d'un département juridique et peut-être encore plus dans une entreprise où la dimension informatique est si forte.

Le principal outil dont nous disposons à ce stade et que j'ai mis en place dès mon arrivée est une base de données permettant le suivi des contrats et de leurs échéances et la signature électronique est indispensable en période de pandémie.

Le défi constant, à mon avis, est de réduire autant que possible les tâches à faible valeur ajoutée et je suis certain que les LegalTech peuvent nous aider et que nous pouvons faire mieux.

On dit souvent que la profession d'avocat évolue. Le constatez-vous également à votre niveau ?

Absolument, la profession d'avocat évolue. Il est important de conserver une base juridique solide, mais l'ancrage dans la vie quotidienne que j'ai décrit dans l'introduction implique une approche plus pragmatique que jamais. Un changement d'échelle comme le nôtre fait place à une vision moderne de notre rôle.

Comment continuez-vous à vous former au quotidien ?

Je participe régulièrement à des conférences (qui sont devenues des webinaires depuis la crise sanitaire) pour suivre l'actualité juridique. Il existe également des newsletters qui me permettent de garder un œil sur les sujets d'actualité.

Et en dehors du travail, où peut-on vous trouver ?

J'aime les bons restaurants et on me trouve généralement au Bar des Prés à Paris (ou au Dragon - l'excellent bar à cocktails situé juste en face).

Un dernier mot pour les lecteurs du blog Tomorro ?

Restez optimiste chaque jour et encore plus en ces temps incertains.


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